Reprenons les choses depuis le début :
Tout d’abord, il faut bien préciser que je ne me suis pas équipé en CE dans l’intention d’arrêter de fumer, ni dans l’intention de substituer la CE à la Gitane.
Ma motivation première est de pur confort, car, jusqu’à présent, c’est le désert de Gobi sur le plan juridique en la matière, donc, vapoter n’est pas fumer, les interdictions touchant la clope ne concernent pas la CE.
Rappelons que celle-ci a connu un « tabac » dès son apparition, principalement dans les Casinos, haut lieu de l’addiction, s’il en est.
En effet, défier un adversaire au poker, au blackjack ou autre, ne serais-ce qu’un bandit-manchot ou une roulette sans la clope, (pour un fumeur), c’est comme un coït sans poils, ça n’a pas le même goût.
Je ne fréquente plus les Casinos depuis très longtemps, dans les bars, les flippers ont disparus, les jeux d’arcade aussi, restaient le 421 à l’apéro, la belote ou le rami pour les retraités ou les chômeurs, mais, là aussi, la « tige de 8 » était compagne de jeu omniprésente.
Demander une piste de bob’s ou un tapis dans un rade, c’est devenu aussi incongru que de quérir un Fernet-Branca, depuis la victoire par KO des NFE (Non-Fumeurs Enragés).
Adopter la CE est, pour moi, une délectation sans nom quand ces connards rugissent et enragent, impuissants, alors que j’accompagne mon café, ou mon apéro, avec ma fumée fantoche.
Emerdaver le Bourges est pour moi plus qu’un plaisir, pratiquement une nécessité.
Mais je constate, à ma grande surprise, que les NFE ne sont pas légion, loin de là.
Dans un lieu inconnu, une fois la première surprise passée, c’est la curiosité qui l’emporte, et il m’arrive souvent de jouer le conférencier, ce qui me vaut parfois un verre à l’œil, et bien que je ne porte pas monocle, je le supporte allègrement.
ATTENTION ! Il y a une différence fondamentale entre ceux qui ne supporte pas la fumée, les asthmatiques par exemple, et les NFE, cette race aussi agaçante et dangereuse que les moustiques, qu’ils soient tigres ou domestiques.
Je ferai très bientôt leur procès dans la rubrique : « Santé », et je ne résiste pas à l’envie de vous livrer une anecdote authentique :
A Chambéry, le Café de Paris est un établissement assez huppé, les emperlousées s’y pavanent avec l’aisance d’un poisson exotique dans son aquarium de luxe.
Je ne fréquente cet endroit qu’occasionnellement, et c’est à une de ces occasions que se profile le drame.
Je dégustais mon « Curtelin », (c’est comme un Kir, mais avec de la crème de griottes à la place du cassis), et je taillais le bout de gras avec la patronne, Madame Boisson, (ça ne s’invente pas), tout en vapotant tranquille.
Derrière moi, une table occupée par une BOF dont le père a fait fortune sous l’Occupation, avec fifille, tantine, et l’incontournable marmot braillard dans le registre suraigu.
Derrière, un groupe de vieux kroumirs en veston-cravate, le veston, c’est juste pour accrocher des bouts de ficelle à la boutonnière, il y en a de toutes les couleurs, même des rouges, mais pas une seule jaune, ce qui fait que je les compisse.
Tout est cool, jusqu’au moment où le plus vieux con se retourne pour commander une tournée, et il aperçoit ma vapeur, il me fusille (du regard), je rectifie la position, je lui adresse un martial salut de la tête, (si j’avais été couvert, c’était le salut réglementaire), et je lui décoche un doigt d’honneur en prime.
De cool, l’ambiance devient glaciale, le vieux commence à tousser comme si ma vapeur était un concentré d’ypérite, la BOF s’aperçoit que JE FUME, elle veut appeler les bourres, vu qu’il y a un bébé qui va mourir de tabagisme passif, je lui souffle une grosse bouffée dans le nez pour compenser la moutarde qui commence à monter au mien, la Patronne arrondit les angles, en expliquant à ces dames et à ces messieurs que je suis inoffensif, et que je suis parfaitement dans mon droit, d’ailleurs, c’est F2X qui lui en a donné l’assurance.
F2X, c’est un vrai Comte, vieille noblesse Savoyarde, mais aussi un authentique avocat du Barreau, rien que de lui serrer la main, ça vous coûte 500 €uros d’avance sur honoraires.
Alors, si c’est lui qui le dit, la BOF la ferme, et les vieux cons me rendent mon salut.
C’est trop beau pour durer, mais tant que ça dure, j’en profite, en regrettant le bon vieux temps où les Français, tous des Veaux selon De Gaulle, n’étaient pas encore complètement décervelés.